In a ten-bar introduction for piano Fauré attempts to set up a dark atmosphere that will match the poet’s horror of encroaching autumn; the music encompasses weighty depression without expressing Baudelaire’s panic and revulsion. Only Duparc among the great French song composers can boast of complete success in setting this poet, and then with more judicious choices of text than this, and on only two occasions. The sforzato basses of the twelve-bar prelude are inspired by the ‘choc funèbre’ of the poem (which appeared in the second edition of
Les fleurs du mal, 1861); ‘bercé par ce choc monotone’ prompts the movement in quaver triplets that pervades the entire first section of the song. The clarity of summer has yielded to mist and darkness, both admirably present in the atmospheric accompaniment and the mournfully inflected vocal line. Baudelaire’s virulent second verse with its ‘hatred, ague and horror’ was suppressed by Fauré. Instead he invests the song’s fourth verse (the poet’s fifth and sixth are also omitted) with a change into the major key and triple time; this is perhaps the most lyrical, certainly the most suave, music for voice and piano he had written up to this time. Marcel Proust was enchanted by the long sinuous lines of ‘J’aime de vos longs yeux la lumière verdâtre’. For a moment we are in territory more familiar to this composer; we then realize that this declaration of love has been cruelly made only to be knocked down – the emerald light of the poet’s eyes is no match for the sunlight stolen by autumn. Fauré’s setting manfully contrives to make this disappointed comparison the triumphant peroration (‘rayonnant sur la mer’) of a love song. This mélodie is a magnificent failure – magnificent because it contains much beautiful music, a failure because Baudelaire could never be the ideal poet for Fauré’s temperament.
from notes by Graham Johnson © 2005
Dans une introduction pianistique de dix mesures, Fauré tente d’instaurer une ambiance sombre assortie à l’horreur du poète pour l’invasif automne; la musique a beau renfermer une pesante dépression, elle tait la panique et la révulsion baudelairiennes. Des grands mélodistes français, seul Duparc peut se targuer d’avoir pleinement réussi à mettre en musique des textes de Baudelaire – encore y parvint-il avec des choix de poèmes plus judicieux, et par deux fois seulement. Les basses sforzato du prélude de douze mesures émanent du «choc funèbre» du poème (paru dans la deuxième édition des
Fleurs du mal, 1861); «bercé par ce choc monotone» lance le mouvement en triolets de croches qui envahit toute la première section de la mélodie. La clarté de l’été a capitulé devant la brume et les ténèbres, admirablement présentes dans l’accompagnement tout en atmosphère et dans la ligne vocale aux inflexions lugubres. La virulente deuxième strophe de Baudelaire et son cortège de «haine, frissons, horreurs» furent supprimés par Fauré, qui préféra revêtir la quatrième strophe de la mélodie (les strophes 5 et 6 furent, elles aussi, omises) d’un changement en majeur et en rythme ternaire, signant là la musique pour voix et piano la plus lyrique peut-être, la plus élégante sûrement, de toutes celles qu’il avait composées jusqu’alors. Marcel Proust fut enchanté par les longues lignes sinueuses de «J’aime de vos longs yeux la lumière verdâtre». Le temps d’un instant, nous sommes sur une terre que Fauré connaît mieux; nous comprenons alors que cette déclaration d’amour n’a été cruellement faite que pour être mieux démolie – la lumière verdâtre des yeux du poète ne peut rien contre la lumière du soleil dérobée par l’automne. Avec vaillance, la mise en musique fauréenne parvient à faire de cette comparaison déçue la péroraison triomphante («rayonnant sur la mer») d’un chant d’amour. Cette musique est un magnifique échec – magnifique car porteuse de maintes pages splendides, échec car jamais Baudelaire ne put être le poète idéal pour le tempérament de Fauré.
extrait des notes rédigées par Graham Johnson © 2005
Français: Hypérion