It was Fauré’s unenviable task, as critic of
Le Figaro, to set to music a poem that had won the newspaper’s prize for the best poem about peace. The composer had already avoided a commission for a work celebrating the allied victory. Fauré regarded this text by someone otherwise unknown in the world of literature as a ‘horrible little poem’. In the end the composer, as Nectoux puts it, salvaged his self-respect; he was even rather proud of the result, calling it ‘a small tour de force’. Dotted rhythms pervade the music which recalls the music for Ulysses’ triumphant return in
Pénélope. Yet it is clear that Fauré, unlike his rabidly anti-German mentor Saint-Saëns, is no triumphalist. It takes some time for the rejoicing tonality of A major to be established, and even then he manages to overcome any jingoistic bluster in favour of gratitude and relief. Built into this somewhat muted music there is a veil of sadness, a comment on the pointlessness and waste of the whole terrible episode. The prize-winning poetess must have been furious; she objected mightily to the composer cutting her poem in half and replacing the patriotic slang ‘poilus’ with the simple word ‘soldats’.
from notes by Graham Johnson © 2005
En sa qualité de critique du
Figaro, Fauré se vit confier la tâche peu enviable de mettre en musique un texte lauréat du prix du meilleur poème sur la paix décerné par le journal. Le compositeur, qui avait déjà échappé à la commande d’une œuvre célébrant la victoire alliée, considérait ce texte, d’une personne par ailleurs inconnue du monde littéraire, comme un «horrible petit poème». À la fin, nous apprend Nectoux, il retrouva son amour-propre et fut même plutôt fier du résultat, le qualifiant de «petit tour de force». Les rythmes pointés envahissent la musique, qui n’est pas sans rappeler le retour triomphant d’Ulysse dans
Pénélope. Il est toutefois patent que Fauré n’est pas triomphaliste, contrairement à son mentor Saint-Saëns, farouchement antiallemand. Il faut un certain temps pour instaurer la tonalité réjouissante de la majeur et, même une fois cela fait, Fauré parvient à surmonter toute fanfaronnade cocardière, lui préférant la gratitude et le soulagement. Un voile de tristesse, commentaire sur l’inutilité et le gâchis de tout ce terrible épisode, est intégré à cette musique quelque peu en sourdine. La lauréate, furieuse, protesta vivement contre le fait que Fauré coupa son poème en deux et remplaça le patriotique «poilus» par un simple «soldats».
extrait des notes rédigées par Graham Johnson © 2005
Français: Hypérion