Jean-Claude Hulot
Diapason, France
juillet 2017
PERFORMANCE

1918. Max Bruch, juste octogénaire, entreprend d’écrire trois quintettes à deux altos, citant abondamment ses oeuvres antérieures (notamment la Symphonie no 3). Peu satisfait du troisième, il le remanie peu de temps avant sa mort, en octuor (quatre violons, deux altos, violoncelle et contrebasse). Assez brèves, les trois partitions tiennent en une heure avec le Nash Ensemble. On chercherait en vain un caractère testamentaire dans ces pages. Rien n’y laisse deviner les temps troublés au lendemain de la Grande Guerre, rien non plus ne permet de soupçonner que la musique a évolué depuis Schumann ou Brahms. Il faut donc faire abstraction du contexte historique (le Berlin de 1920 …) pour apprécier ces trois oeuvres, sans doute pas essentielles mais toujours admirablement écrites ; on sait que Bruch se flattait de sa connaissance sans égale des cordes, il fait ici la part belle au premier violon comme un hommage aux « quatuors brillants » de Rode ou Spohr. Les Nash s’y coulent avec le brio et l’élégance mendelssohnienne qui siéent à ce style délicieusement suranné. Très séduisant.