Jérôme Bastianelli
Diapason, France
juin 2015

Stephen Hough, qui dans son vaste répertoire accorde une place de choix aux pages brèves, a cueilli avec soin un bouquet de Pièces lyriques dans les dix cahiers notés par Greig entre 1967 et 1901. Sur un instrument aux couleurs brillantes, il caractérise avec un même pouvoir évocateur les gazouillis du Petit Oiseau (Opus 43 n°4), les pirouettes schumanniennes de Papillon (Opus 43 n°1) ou de Sylphe (Opus 62 n°1), l'exultant folklore du Jour de noces (Opus 65 n°6) ou encore le doux mystère, aux teintes debussystes, du Nocturne (Opus 54 n°4). Sur une main gauche vigoureuse, les bondissements frénétiques de la Marche des Trolls (Opus 54 n°3) font frémir, les accords tranchants qui ponctuent les fulgurances du Lutin (opus 71 n°3) annoncent Prokofiev ; la tendre mélodie des Jeunes années (Opus 65 n°1) prélude à une explosion pianistique digne d'une cadence de Rachmaninov. Sous ces mains et ces micros, les Pièces lyriques n'ont pas peur de faire trembler les murs des salons où elles résonnaient au temps de Grieg.

Le jeu personnel de Hough se distingue également dans le traitement sans concession des chromatismes de l'Élégie (Opus 47 n°7), qui apporte un éclairage assez moderne, ou dans l'attention accordée aux échos nostalgiques du Voyageur solitaire (Opus 43 n°2). Quelques pages paraissent moins inspirées (Au printemps Opus 47 n°3 sonne un peu durement, la Mélodie Opus 47 n°3 se révèle assez prosaïque) mais, dans leur grande majorité, les interprétations dynamiques de Stephen Hough exacerbent la variété de l'écriture comme rarement avant lui. Reste que la palette d'Andsnes sur un vieux piano boisé, le lyrisme décanté de Guilels et les rêveries de Gieseking, gardent notre préférence.