La Passacaglia en sol mineur pour violon seul de Biber conclut la grande séquence de sonates pour violon scordatura et continuo qu’il avait réunie à Salzbourg, probablement au milieu des années 1670. Les quinze sonates évoquent des épisodes de la vie du Christ et de la Vierge Marie. Elles semblent avoir été utilisées lors des dévotions traditionnelles du Rosaire à Salzbourg qui se déroulaient en septembre et octobre, au cours desquelles les fidèles progressaient selon un cycle de tableaux et de sculptures placés stratégiquement dans l’église et certains autres édifices. Dans le manuscrit original, à chaque sonate correspond une gravure placée sur la clé, avant la musique, une gravure convenant plus particulièrement au thème. C’est ainsi que la Passacaglia est préfacée de l’image d’un ange gardien menant un enfant. Les dévotions du Rosaire furent souvent associées à la fête de l’Ange Gardien ; celles-ci étaient alors célébrées à diverses dates au cours des mois de septembre et octobre. Biber fit en sorte que cette page correspondît à la fête en l’élaborant sur un motif de quatre notes descendantes, allant de la tonique à la dominante, dans le mode mineur. Ce motif de basse, traditionnellement associé à la basse obstinée de la passacaille italienne, apparaît aussi à la première ligne d’un hymne de l’époque consacré à l’Ange Gardien, « Einen Engel Gott mir geben ».
extrait des notes rédigées par Peter Holman © 2002
Français: Isabelle Battioni