Elève de Guilmant et contemporain de Dupré, Joseph Bonnet devint organiste de Saint-Eustache en 1906 et effectua régulièrement des tournées en Grande-Bretagne et aux États-Unis avant de s’installer à New York, en 1940. Ses compositions, destinées davantage au concert qu’à la liturgie, comprennent deux corpus de douze pièces. Le premier morceau de l’op. 10,
In Memoriam – Titanic (1913), est dédié à «la mémoire des héros du TITANIC». L’ouverture pleine d’atmosphère – hommage évident au prélude aquatique de
Das Rheingold de Wagner – annonce l’air de John Bower Dykes,
Horbury. Ce passage est ensuite soumis à un développement constant, dont l’harmonie au chromatisme inquiétant rehausse la tension. Un apogée est atteint, la première ligne de la mélodie gronde nettement en octaves dans les pédales puis, de manière plus insistante, une tierce plus haut. La musique s’apaise alors et est accablée par un sentiment de désespoir, même si une section de récitatif tente de faire à nouveau monter le ton. Bonnet exploite toutes les possibilités de coloration de l’orgue avec une présentation sombre, menaçante, de la mélodie, d’abord dans le registre grave de l’instrument puis, sur un accord de neuvième de dominante joué sur la voix humaine, avec des réminiscences spectrales, sinistres, évocatrices des âmes perdues dans l’océan glacé, avant que la musique sombre en mi bémol mineur.
extrait des notes rédigées par Stephen Westrop © 1997
Français: Hypérion