Christophe Huss
Le Devoir
octobre 2018

Lors de cette décennie s’est décantée une catégorie d’interprètes dont on guette désormais les parutions discographiques : Honeck, Pichon, García Alarcón, Osborne, Hamelin … Pavel Kolesnikov, en livrant un disque Beethoven d’une telle subtilité de toucher et d’une pareille sûreté de goût, après ses enregistrements Chopin et Couperin, vient assurément s’ajouter à la liste. Rien n’est tape-à-l’oeil dans ce programme, augmenté de quatre pièces sans opus, parmi lesquelles un Allegretto en ut mineur WoO 53 qui n’a rien d’anecdotique. Pareillement, rien n’est anecdotique dans son jeu. Puisqu’il faut comparer et caractériser, Kolesnikov se situerait quelque part au confluent de l’esprit de finesse de Christian Zacharias et de l’évidence qu’impose l’art de Stephen Kovacevich. Même un esprit critique aiguisé en arrive à rendre les armes en entendant des sons arriver ainsi de nulle part. La seule chose que je reproche est la succession ut mineur (WoO 53, plage 4), do dièse mineur (Clair de lune, plage 5), qui fait quand même un peu Halloween !