Christophe Huss
Le Devoir
juin 2018

L’un des plus grands pianistes virtuoses de notre temps, Stephen Hough est aussi compositeur. Dans la 1re plage de son « album de rêve », il interprète une digression musicale de son cru sur la Marche de Radetzky de Strauss. Nous naviguons entre la musique de salon, le noble art des enluminures pianistiques héritées des virtuoses de la fin du XIXe siècle, le familier (la marche) et le surprenant (une adaptation que nous découvrons). Ce mélange de sensations ne nous lâche pas pendant 80 minutes. À l’exception d’une plage sur 27 (Matilda’s Rhumba, une des 7 oeuvres de Hough) qui vient un peu heurter la continuité, ce CD nous transporte sur un nuage. Ce n’est pas vraiment un programme de rappels. Ce n’est pas non plus un récital de musiques de salon—une sublime lecture des Harmonies du soir de Liszt vient nous le rappeler—, mais une invitation permanente au rêve, concoctée avec une délicatesse et un raffinement exquis. On ne prend pas longtemps à se demander comment un disque peut être aussi parfait.

Le Devoir