Alain Lompech
Diapason, France
février 2016

Mère française, père allemand, Daniel Steibelt eut Johann Kimberger comme professeur de composition et Salomon comme imprésario! Bach et Haydn dans ses bagages permettent de bien partir dans la vie de musicien. Il eut aussi un peu de déveine: confronté à Beethoven lors d'une séance d'improvisation; il fut tourné en ridicule pour avoir tenté de tromper son monde en jouant une improvisation... composée. Célèbre dans le Paris révolutionnaire et dans les années qui suivirent, il finira sa vie artistique à Saint-Pétersbourg comme patron de l'Opéra français local, après avoir aussi vécu à Londres. Steiblet laisse un gros catalogue de pièces pour piano solo de concertos et de ballets. Qu'on aille surtout pas imaginer que de l'élève de Bach, il a retenu les leçons de contrepoint, que de Mozart ou de Beethoven il a appris le secrets du développement: Steibelt enchaîne les mélodies aux accents dramatiques ou pittoresques. Et ça marche! L'irruption de l'orage dans le Concerto no. 3 est assez irrésistible, comme le sont les effets d'imitations de la chasse ou des défilés militaires. Aucun génie dans cette musique, mais du savoir-faire, des orchestrations inventives qui la font bien sonner et des parties de piano vives, virtuoses, joyeuses, et jouissives pour l'auditeur.

Howard Shelley est une fois de plus l'homme de la situation: sérieux comme un pape, suffisamment virtuose pour ne pas transpirer, il porte cette musique avec la foi du charbonnier. On applaudit, sans pour autant être certain de réécouter ce disque.