Après un enregistrement à quatre mains avec Paul Lewis, le pianiste écossais revient à Schubert dans une sélection de pièces célébrissimes agrémentée d'une rareté. D'une réelle beauté, délicatement raffinée, l'interprétation des Impromptus D935 gravit un sommet dans le passage central du premier, rêve infini dont rien ne vient briser l'impression de quiétude et de sérénité. Quelque chose tempère cependant notre enthousiasme pour cette exécution extrêmement soignée et d'un haut niveau instrumental. Pour indéniable qu'elle soit, la sensibilité du jeu de Steven Osborne apparait à sens unique. On aimerait un peu plus d'abandon, de cantabile frémissant. L'esprit et le charme ne sont pas les plus grandes qualités du pianiste: l'Impromptu nº 3, galant, presque gourmé, sans vraie passion, nous le rappelle. Les accents du dernier, moins rageurs que piqués, le mènent sur un chemin d'une brillance quelque peu désincarnée.
Les Kavierstücke D 946 ne possèdent pas toute l'urgence et la souplesse souhaitées, malgré de beaux moments (notez dans le premier la subtile transition vers le retour du thème): Après de tels chefs d'œuvre, les mystérieuses et fragiles Variations Hüttenbrenner ont du mal à exister. Leur lecture méticuleusement séduisante, ce discours léché, rassurant, nous laissent sur le bord du chemin.