Jean-Michel Molkhou
Diapason, France
novembre 2015

C'est par sa révision des variations rococo de Tchaïkovski que le nom de Fitzenhagen est passé à la postérité. Hyperion lève le voile sur cet élève de Friedrich Grützmacher nommé professeur de violoncelle au Conservatoire impérial de Moscou. Compositeur autodidacte, il nouslaisse deux concertos dont les gestes déclamatoires, rappelant Vieuxtemps se conjuguent aux formules propres à flatter ses qualités instrumentales. On découvre, dans un dramatisme convenu et une orchestration colorée, une écriture techniquement audacieuse qui exige du soliste une virtuosité souvent spectaculaire.

La Ballade, qui équivaut par ses dimensions à un concerto en un seul mouvement, révèle un art châtié et une surprenante veine poétique, tandis que Résignation, bref "chant sacré sans paroles", offre dans un ton solennel une fervente mélodie à l'instrument soliste. Après plusieurs disques admirables, Alban Gerhardt confirme une aisance de premier plan, une soyeuse sonorité et un ton raffiné à la fois plein de fougue et d'élégance.

Il joint au programme les Variations rococo où Fitzenhagen, non content de remanier en profondeur la partition que Tchaïkovski lui avait soumise dans le seul dessein de recueillir ses suggestions sur la partie soliste; colla ses propres modifications sur le manuscrit original. Il intervint dans l'ordre des variations, supprima la dernière; ajouta une introduction. Bien que cette "révision" ait fortement déplu à l'éditeur de Tchaïkovski, le compositeur renonça à s'y opposer. La version originale ne fut publiée qu'en 1956!