Alain Lompech
Diapason, France
septembre 2015

Sur les huit concertos pour piano et orchestre laissés par Henri Herz, Howard Shelley et ses Tasmaniens en ont donc enregistré sept: reste le Concerto nº6 dont le Rondo oriental avec chœur prend fin sur Gloire à Allah après avoir chanté un hymne aux fils du prophète et un Ô Mahomet divin …

Bête noire de Robert Schumann (le père de la critique musicale moralisatrice ne concédant de la valeur à un ouvre qu'à la dignité des aspirations de son auteur), le compositeur français Henri Herz était si célèbre que ni Chopin, ni Liszt ne lui firent d'ombre. Il vendait sa musique bien plus cher que tous ses confrères, et ses tournées aux Amériques lui valurent des triomphes qui annoncèrent celles bien plus tardives d'Anton Rubinstein ou de Paderewski. Il était aussi établi comme facteur—renommé—de piano à Paris. Mais après sa mort, ses œuvres étaient déjà tombées dans un oubli que les années accrurent. De ce pauvre Herz il ne resta bientôt dans les livres d'histoire que les jugements de Schumann recopiés de loin en loin.

Herz veut briller, charmer, stupéfier, émouvoir son public et il y réussit grâce à un métier solide (élève de Reicha) et une veine mélodique aussi indéniable que son sens de la formule et du suspens … Quand l'ennui semble pointer le bout de son nez, le compositeur part sur une nouvelle idée qui relance l'intérêt et ainsi de suite: la variation lui va bien. Plus encore que le Concerto nº2 qui casse deux pattes à un pianiste, mais sent son Mendelssohn de province, la Grande Fantaisie militaire sur La Fille du régiment rallie tous les suffrages au point que l'on risque d'en être toqué après une écoute. Herz y varie la Chanson du régiment avec une bravoure étincelante et une pompe humoristique qui entrent dans la tête pour n'en plus sortir&nbp;… La Fantaisie sur Otello et la Grande Polonaise brillante provoquent un sourire béat chez l'auditeur, suspendu aux formules pianistiques qui s'enchaînent aux mélodies étincelantes, comme une enfant devant un sapin de Noël. Et Herz a le génie de ne jamais être trop long et de savoir prendre congé Howard Shelley surmonte toutes les difficultés avec un sens certain de l'understatement: rien ne dépasse, tout est en place, joliment fait, sans excès aucun réalisé avec goût et une vrai dévotion.