Bertrand Boissard
Diapason, France
avril 2015

Plaisante illustration de couverture (comme toujours chez Hyperion), prise de son de qualité, preuves plus dignes d'intérêt que dans le volume précédant (cf nº612): toutes les conditions sont réunies pour un troisième volet réussi de cette série Dohnanyi. Le créateur hongrois figurait parmi les grands virtuoses de son temps. Ces pages sonnent de fait très bien et témoignent d'une robustesse allègre, qui éclate dans le folklore réinventé de Ruralia hungarica—un sommet dans la production du compositeur, qui y mêle de nombreux chants traditionnels recueillis par Bartok et Kodaly. En excellent pianiste, Roscoe assure à la quatrième pièce (où rôdent les fantômes de Schumann et Brahms) sa force rythmique, s'empare avec un délice manifeste de ses accents rugueux et envoûte l'auditeur dans les délicates et énigmatiques troisième et sixième.

Les Variations sur un chant populaire hongrois ne maintiennent pas constamment l'attention, malgré l'onctuosité du jeu de l'interprète. Des Trois Pièces op. 23, un peu massives et convenues, on retient le piquant Capriccio final. On apprécie un peu moins les couleurs passées comme une photographie jaunie, de la Valse de Naila, d'après Delibes. Il faudrait plus de chic et de bravoure, à la manière d'un Backhaus (éblouissant, Pearl) pour que passe la pilule. Les valses de Strauss, trop longues, font davantage l'effet d'un mousseur que d'un champagne grisant. N'est pas Schulz-Evler qui veut. En dépit de ces réserves, le meilleur des trois premiers volumes de la série.