Jacques Bonnaure
Classica, France
mars 2015
PERFORMANCE
RECORDING

Peu d'œuvres de Jongen sont maintenues au répertoire hormis (et encore!) sa Symphonie concertante avec orgue et son Concerto pour violoncelle. Bien que cet illustre Liégeois soit toujours admiré en son pays, le Concerto pour violon aura été peu joué depuis sa création en 1900, même pas par son dédicataire Eugène Ysaÿe. Il met en avant le soliste, dans la tradition de Vieuxtemps ou de Saint Saëns mais l'orchestre, nourri et ardent, se montre très présent. Peu avant, le jeune Jongen avait composé une brève Fantaisie pour violon et orchestre, lyrique et sobre. Peu après, il écrira son Adagio symphonique pour violon, qui vaut surtout pour son admirable écriture chambriste, où le dialogue entre le violon et l'orchestre révèle un orchestrateur subtil.

On a bien oublié Sylvio Lazzari (1857-1944), Autrichien naturalisé français, connu surtout pour ses opéras. Il fut wagnérien et franckiste mais ces influences sont bien assimilées chez lui. Sa Rapsodie pour violon (1922) montre qu'après la Guerre subsistait en France, au milieu de diverses tentatives modernistes une esthétique de l'expressivité et de la grandeur lyrique.

Philippe Graffin est l'indispensable interprète des raretés, de Goldmark, Chrédine, en passant par Canteloube, Ysaÿe, D'Erlanger, Gaubert, Cras et autres (excellente intégrale des concertos de Saint-Saëns). Et bien que les musiques qu'il joue soient extrêmement expressives, il les aborde sans appuyer le son, toujours élégant, toujours délié, dans la plus parfaite tradition franco-belge—mais sans les portamenti d'époque. Martyn Brabbins sait faire bouillonner l'orchestre avec une extraordinaire ferveur.