This song is as significant a piece in the third
recueil as is
Lydia, by the same poet, in the first. Leconte de Lisle’s ode (
Poèmes et poésies) was already thirty-five years old, but the composer makes it sound almost as fresh as the day it was written. He clearly admired the gardener in this Parnasse whose roses from Isfahan and Lahore he also set. This prize-winning specimen however is from Delos, and it inspires Fauré to a very personal response; he relaxes the poet’s majestic and statuesque pose (très 1855) with music that remains fresh and natural, despite the mythological references. There are no separate strophes in this poem, and the composer only allows himself a brief piano interlude before the fourteenth line. Apart from this respite, voice and piano flower together in a texture that, if not exactly overgrown, signifies profusion and effulgence: this is no single rose but an overgrown hillside where the passer-by is overwhelmed by the flowers’ scent. Constantly changing harmonies (on a row of descending basses with mixolydian colourings) are meant to delight but, as in
La bonne chanson, the ear is in danger of being unsettled by too much diversity; nevertheless, the listener’s attention is held by the freshness and impetus of the music. The apotheosis-like final page incorporates the grandeur of Zeus without obliterating the slender grace of the flower. The postlude, like that for Schubert’s
Ganymed, restores classical poise in the wake of heavenly upheaval.
from notes by Graham Johnson © 2005
Cette mélodie est aussi importante pour le troisième recueil que
Lydia (du même poète) l’est pour le premier. L’ode de Leconte de Lisle (dans
Poèmes et poésies) avait déjà trente-cinq ans, mais Fauré la rend aussi fraîche qu’au jour où elle fut écrite. À l’évidence, il admira le jardinier de ce Parnasse, dont les roses d’Ispahan et de Lahore figurent également. La rose primée ici vient cependant de Délos et lui inspire une réponse toute personnelle : il relâche la pose majestueuse et statuesque (très 1855) du poète avec une musique qui, en dépit des références mythologiques, reste simple et naturelle. Face à ce poème d’un seul tenant, il ne s’autorise qu’un bref interlude pianistique, avant le quatorzième vers. Ce répit excepté, voix et piano s’épanouissent ensemble dans une texture qui, pour n’être pas tout à fait une jungle, est marquée par la profusion et l’éclat : ce n’est pas une rose isolée, mais un coteau envahi par la végétation, où le passant est submergé de parfums. Les harmonies constamment changeantes (sur une rangée de basses descendantes avec des coloris mixolydiens) sont là pour charmer mais, comme dans
La bonne chanson, l’oreille risque d’être perturbée par trop de diversité—même si la fraîcheur et l’élan de la musique parviennent, ici, à maintenir l’attention de l’auditeur. La page finale, en apothéose, intègre la grandeur de Zeus sans masquer la grâce légère de la fleur. Comme dans le
Ganymed de Schubert, le postlude restaure le maintien classique après le chambardement céleste.
extrait des notes rédigées par Graham Johnson © 2005
Français: Hypérion